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Allemagne : conditions de travail

E-mails, appels téléphoniques, heures supplémentaires, surcroît de travail - l'Institut fédéral allemand pour la sécurité et la santé a interrogé pas moins de 17 562 salariés. Résultat : 43% seraient convaincus que le stress a augmenté depuis deux ans. Principales causes invoquées : l'augmentation des rythmes de travail, l'exigence de résultats, la multiplication des tâches à réaliser simultanément, l'augmentation des sollicitations extérieures et des heures supplémentaires, sans omettre le travail emporté à la maison. 43% se plaignent de douleurs dorsales. En 2006, seuls 30% souffraient de maux de tête liés au stress; on en comptait 35% en 2012. Enfin, 20% avaient des troubles du sommeil; ils sont maintenant 27%. 

Le stress au travail est un problème croissant en RFA à l'instar de tous les grands pays industrialisés et de l'irruption des technologies dans tous les secteurs depuis le début des années 2000. C'est ce que démontre la dernière mouture du « Stressreport Deutschland », vaste étude menée par le BAuA (Bundesanstalt für Arbeitsschutz und Arbeitsmedizin, Agence fédérale pour la protection et la médecine du travail). La ministre du travail allemande, Ursula von der Leyen ( CDU, Union Chrétienne Démocrate) présentait à Berlin les grands objectifs de la stratégie pour la protection au travail 2013-2018 autour de trois grandes composantes : les structures de protection du travail, les pratiques et attitudes préventives, l'amélioration matérielle et humaine de l'environnement professionnel. "Trop peu d'entreprises se soucient de la façon dont ils protègent leurs employés face à des formes de stress et d'épuisement professionnel", a-t'elle martelé lors d'une réunion avec les partenaires sociaux. De fait, les chiffres parlent d'eux-mêmes : l'incapacité de travail en raison de troubles mentaux, temporaire ou permanente, a augmenté de plus de 80% au cours des 15 dernières années en RFA. Une perte évaluée à près de six milliards d'euros dans le PIB, soit près de 60 millions d'heures de travail perdues pour la seule année 2011. La ministre Von der Leyen soulignant au passage que les employeurs ont 'obligation légale de prévenir les problèmes psychologiques de leurs employés. Echec pour l'instant du tour de table avec les partenaires sociaux quant à la signature d'une hypothétique Déclaration sur la santé psychique au travail».

Un accord qui était prévu entre le Ministère fédéral du Travail, la Confédération des associations patronales allemandes (BDA, Bundesvereinigung der Deutschen Arbeitgeberverbände) et la puissante Confédération allemande des syndicats (DGB, Deutsche Gewerkschatsbund). Annelie Buntenbach, de la DGB, rend le patronat responsable de ce blocage, exigeant une réglementation sur le stress et des sanctions plus lourdes à l'encontre des entreprises qui ne respectent pas la Loi de protection du travail. 

Arbeitsgeberpräsident Dr. Dieter Hundt
Dieter Hundt, président de la BDA (Bundesvereinigung der Deutschen Arbeitgeberverbände, syndicat patronal) récuse en bloc les conclusions autour des chiffres qui lui paraissent erronées. Les entreprises seraient parfaitement soucieuses de l'état psychique de leurs employés, concédant au passage que ce serait plutôt l'encadrement qui serait concerné par le phénomène, indiquant que 16% d'entre-eux éprouveraient ce type de problème. Pour le chef du syndicat patronal, le sujet ne serait pas tabou, pour lui, les troubles psychiques n'auraient pas augmenté, mais seraient simplement diagnostiqués plus fréquemment.

Ursula von der Leyen


Portrait : Ursula von der Leyen, Ministre allemande du travail depuis 2009, proche de la chancelière Angela Merkel , elle mène une politique familiale jugée aux antipodes des positions de son parti en favorisant notamment le développement des crèches et en instituant un « salaire parental ». C''est la femme qui monte dans l'opinion Outre-Rhin. À partir de 1980, elle entreprend des études de médecine à l'Université de médecine de Hanovre, qui durent sept ans. À l'issue de ce cursus, elle défend sa thèse, puis devient médecin assistant à la maternité de l’université de 1988 à 1992. Ursula von der Leyen occupe, de 1998 à 2002, un poste de chercheuse assistante en médecine sociale et de la santé au sein du département d’épidémiologie de l’université de médecine de Hanovre. Élue députée fédérale au Bundestag lors des élections législatives de 2009, elle est reconduite à son ministère dans la foulée. Ursula von der Leyen est favorable à la création d'un salaire minimum ainsi qu'à l'instauration de quotas légaux de femmes à la tête des entreprises.