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Tous puissants, derrière nos bécanes…

D’un point de vue purement technique, et donc informatique, puisque les TIC recouvrent essentiellement cela au niveau d’une DSI (direction de services informatiques), le salarié est un simple « poste-client », utilisateur, parmi d’autres, d’applications de production ou de « solutions informatiques », mises à sa disposition dans le cadre d’un projet de développement d’entreprise.

Il s’agit là d’un profond changement ayant des répercussions directes dans la relation entre employé et entreprise. En pratique, les conditions même de l’exercice de beaucoup de professions. Du reste, on est passé d'une notion de "relations humaines" (dans les années 80) au qualificatif glaçant de "ressources humaines" pour définir le rapport entre salariés et entreprise employeur. La « société en réseau partagé » bouleverse de fait les interactions sociale et organisationnelle habituelles. Le travailleur, cadre ou simple employé, intégré ou sous-traitant, étant considéré essentiellement comme un rouage contribuant au simple bon fonctionnement de l’organisation. On passera ici sur le terme de "capital humain", tout aussi glaçant, puisqu'il réduit l'être à un simple potentiel moyen de production.

En matière de gestion des ressources humaines (GRH), les TIC questionnent dans le même temps sur l’impact même des nouvelles formes de gestion engendrées pour les « personnels » qui sont autant d’individus ; la GRH étant soumise à l’évolution d'autres disciplines et champs théoriques du monde du travail : droit, économie, psychologie, santé… à titre d’exemple, pointé par le sociologue Dominique Wolton, directeur de recherche au CNRS (notamment auteur de « Internet, et après ? », théorie critique des nouveaux médias, Flammarion, 1999) : « compte tenu de l'absence de frontières spatio-temporelles » et parfois, « de la virtualité même du lieu de travail », l'accès permanent à des réseaux peut engendrer chez les salariés un phénomène de « désagrégation de l'unité de temps ». Pour cet observateur, « plus on tend vers des systèmes techniques dits rationnels, plus on s'aperçoit de l'irrationalité des conduites humaines ou sociales ». Conséquence : « l'homme, tout puissant derrière sa bécane, est en interactivité complète avec les autres ordinateurs du monde et en même temps, il est tout seul »…

Selon les analystes de Cubiks (PA Consulting), qui ont déjà enquêté sur le développement des outils de GRH à l'horizon 2010, on assisterait à une forme de « désintermédiation » des ressources humaines. Leur notion même se « diluant », se fondant en quelque sorte, dans l'organisation elle-même.